Culpabilité

Bonsoir,

J’ai bien réfléchi depuis le dernier rendez-vous.

Ce qui me pose réellement problème au-delà du problème de culpabilité, c’est l’avenir.

J’ai l’impression que de toute façon je n’arriverai pas à avoir l’avenir que je veux avec mon diabète.

J’ai peur de tout … Du changement de diabétologue d’enfant à adulte, de l’hypo ou de l’hyper lors du bac, du code, du permis de conduire, lors de l’examen de première année de médecine, des complications du diabète…

J’ai l’impression que le diabète a stoppé net mon avenir et qu’en plus en ne remplissant pas ma part du contrat j’aggrave la chose.

Je culpabilise aussi de m’empêcher d’avoir l’avenir que je veux ….

 Je vois bien un tas de personnes qui ont vraiment une belle vie avec leurs diabètes (des footballeurs pro etc.…) mais moi …? Bah pour l’instant je me vois plus aveugle, amputée et avec des reins foutus qu’une femme toujours en bonne santé à 50 ans.

 Et puis j’ai cette vilaine impression que pour être à la hauteur, pour être normale pour avoir un avenir je dois être parfaite et je m’épuise petit à petit en voulant atteindre un objectif impossible.

Alors la motivation part, et je ne me soigne plus…

Parce que c’est sincèrement épuisant et fatiguant de courir après l’impossible alors ne pas se soigner est un moyen de se reposer et d’oublier ce putain d’objectif fictif !!.

Et le cercle vicieux recommence: ne pas me soigner me montre un avenir encore plus noir etc.,etc….

 Mais je n’ai pas envie que dans 20 ans je me dise: « tu vois tu n’avais pas un bel avenir avec ce diabète ».

Non!! J’ai envie d’être médecin, j’ai envie d’avoir mon permis, je suis hyper motivée. J’apprends, je me renseigne…

Mais, il y a cette petite voix qui te dit que merde si tu n’avais pas été à 40 ou 400 pendant le contrôle tu aurais réussi ce calcul hyper facile ….

Et alors là même si tu es motivée à bloc tu te dis que sacrifier un an voire deux pour être médecin… (chose qui ne me dérange pas puisque au contraire j’ai terriblement envie d’être médecin)… et faire une hypo le jour du concours et le louper ….

 Enfin voilà, même si j’essaye de voir l’avenir avec un regard optimiste parce qu’il est beau et joli et que j’aime le mien cela semble me submerger complètement.

Alors non!

Mon problème avec mon diabète ce n’est pas de l’accepter! 

De tout façon, je le dis et le montre bien à tout le monde. Parce-que maintenant c’est mon compagnon de route et ce n’est pas un ennemi comme dit mon père. Je ne peux pas être mon propre ennemi c’est absurde… au contraire je dois m’aider et non me combattre.

Mais c’est vraiment l’avenir et le cercle qui amène la culpabilité qui me pose problème. 

Parce-que c’est pas amusant à longueur de journée de se dire: tu es nulle comme ta dextro! Et comme elle est nulle, tu finira amputée sans être médecin… 

 … Et puis tes parents payent tes capteurs et tu leurs rajoutes du stress en faisant n’importe quoi.

Enfin voilà…. 

Mail de LOUISE, un soir de mai 2017